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La Catalogne, de l’autonomie à la mise sous tutelle

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Localisation de la Catalogne

Entrée en vigueur en 1978, la Constitution espagnole affirme l’unité indissoluble de l’Espagne malgré une forte décentralisation. Pourtant, des revendications indépendantistes catalanes se font à nouveau entendre depuis plusieurs années. Trois semaines après le référendum organisé par les indépendantistes, le gouvernement de Rajoy réagit afin de préserver ce principe d’unité.

Des relations mouvementées

Dès 1932, le statut de Núria octroie à la Catalogne un statut d’autonomie. Ce statut est réaffirmé en 1979 dans le cadre de la nouvelle Constitution espagnole. Enfin, le statut actuel, dit de Miravet, est adopté en 2006 à la suite d’un référendum. En 2010, une grande manifestation a lieu à Barcelone pour revendiquer le droit des Catalans à décider. Ainsi, plus d’un million de personnes défilent avec pour slogan « Som una Nació. Nosaltres decidim. » (Nous sommes une nation, nous décidons.). En 2012, le président catalan Artur Mas demande à Madrid la signature d’un pacte fiscal qui permettrait à la Catalogne de gérer les impôts prélevés dans la région. En septembre, des centaines de milliers de Catalans défilent en faveur d’un référendum et du pacte fiscal. Des élections régionales anticipées sont convoquées en novembre. Malgré un net recul, la formation d’Artur Mas, Convergència i Unió (Convergence et Union), remporte les élections avec pour objectif la construction d’un État catalan souverain.

Référendums pour l’indépendance

Passant outre l’interdiction du Tribunal constitutionnel et de Madrid, Artur Mas organise le 9 novembre 2014 un référendum sur l’indépendance. 80% des votants expriment leur volonté d’indépendance mais le taux de participation n’est que de 33%. Artur Mas est condamné en 2017 pour avoir organisé cette consultation populaire illégalement. De nouvelles élections anticipées ont lieu en septembre 2015. La liste Junts Pel Sí (Ensemble pour le Oui) remporte près de 40% des voix. En janvier 2016, le mouvement séparatiste CUP s’allie aux indépendantistes et leur permet de former une majorité parlementaire. Artur Mas se retire et Carles Puigdemont est élu président de la Generalitat, le gouvernement régional. En juin 2017, Puigdemont annonce la tenue d’un nouveau référendum d’autodétermination unilatéral. Ce dernier est prévu le 1er octobre. Mariano Rajoy, chef du gouvernement espagnol s’y oppose fermement. En septembre, Barcelone approuve le référendum malgré la grande division des Catalans sur le sujet. Dans la foulée, la Cour constitutionnelle espagnole suspend le référendum. Néanmoins, ce sont pas moins de 40% des Catalans qui se déplacent le 1er octobre pour voter. L’indépendance l’emporte à 90%.

La Catalogne, une région riche qui se rêve en Nation

Près de la moitié des Catalans se disent favorables à l’indépendance. En effet, la Catalogne est la région la plus riche d’Espagne : elle pèse autant que l’Irlande. Représentant 16% de la population espagnole, elle produit 20% du PIB du pays. Son économie très diversifiée lui a permis d’enregistrer en 2016 une croissance de 3,5% et un taux de chômage de seulement 13% (contre 17% en Espagne). Enfin, la Catalogne est la première région touristique du pays : 18 millions de touristes ont visité la région en 2016. Cela ne l’empêche cependant pas d’être la troisième région la plus endettée. Les indépendantistes rejettent la faute sur Madrid qui prélève l’impôt et le redistribue en priorité aux régions en difficulté. C’est pourquoi en mars 2017, Mariano Rajoy a promis d’investir 4,2 milliards d’euros dans les infrastructures de la Catalogne. Mais cela n’a pas suffi à calmer les velléités indépendantistes.

Conséquences économiques et politiques du référendum

Une indépendance aurait des conséquences économiques néfastes pour Barcelone comme pour Madrid. L’Espagne perdrait son moteur économique et la Catalogne sortirait de l’Union européenne et devrait assumer seule sa dette. Les indépendantistes ont lancé un vaste mouvement de retrait d’argent des banques afin de déstabiliser le système. Depuis le 1er octobre, déjà plus de 900 entreprises ont déménagé leur siège social hors de Catalogne à la recherche d’un climat plus stable. Les conséquences politiques ne se sont pas fait attendre non plus. Le roi Felipe VI a dénoncé hier une « inacceptable tentative de sécession ». L’article 155 de la Constitution permet à Madrid de suspendre l’autonomie catalane et d’en prendre les rênes. Mariano Rajoy vient d’annoncer, avec le soutien de l’opposition, la mise sous tutelle de la région. Des élections anticipées seront organisées pour renouveler le parlement général, dominé depuis 2015 par les indépendantistes. Cette suspension de l’autonomie s’annonce délicate et risquée puisqu’elle pourrait cristalliser les tensions et renforcer le sentiment d’indépendance. La mise sous tutelle sera soumise au vote du Sénat vendredi prochain mais Madrid a d’ores et déjà reçu le soutien d’Emmanuel Macron et d’Angela Merkel.

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